La naissance de Nemo
Après la sortie des films à grand succès de Pixar « Le Monde de Nemo », puis « Le Monde de Dory », un petit personnage de nos récifs est devenu une célébrité. Dans cet article nous parlerons du poisson-clown, mieux connu sous le sobriquet de Nemo, et plus particulièrement de l’espèce Amphiprion ocellaris.
Ce joli petit poisson orange, noir et blanc qui a su conquérir nos coeurs, habite les récifs coralliens d’Asie du sud-est, d’Australie et du Japon.
C’est un poisson tellement singulier et complexe qu’il mérite qu’on lui prête attention.
Caractéristiques du poisson-clown
Le faux poisson-clown comme on le surnomme, poisson-clown à trois bandes, poisson-clown ocellé ou de son nom scientifique Amphiprion ocellaris, appartient à la famille des Pomacentridés, qui regroupe les poissons-clowns et les demoiselles. Il est généralement de couleur orange vif, mais cela peut varier en fonction de la zone géographique et de la profondeur à laquelle il vit. Il arbore trois bandes blanches et des contours noirs sur les bandes et les nageoires.
Ce sont de petits poissons qui peuvent atteindre 11cm pour les plus gros, qui sont les femelles. Ce sont des poissons très territoriaux qui n’hésitent pas à défendre leur anémone contre de plus gros prédateurs et même contre les plongeurs s’ils osent s’approcher un peu trop près.
Les poissons-clown entretiennent une relation symbiotique à vie avec leur anémone dont ils dépendent pour leur survie.
Vie sociale du poisson-clown
Ce joli poisson coloré des récifs tropicaux à une vie sociale complexe.
Prenons d’abord le fait qu’il soit hermaphrodite. Tous les poissons-clowns naissent mâles et peuvent éventuellement devenir femelles au besoin, s’il en manque une dans l’anémone. Lorsque le changement a eu lieu, il est irréversible et le petit poisson ne redeviendra jamais mâle.
Après une étape de vie planctonique qui les mènera de l’état larvaire au stade de jeune poisson-clown, ils entament une descente vers le récif où commence une course contre-la-montre pour trouver un nouveau foyer (une anémone).
Ce n’est pas chose facile pour un minuscule nouvel arrivant que de se faire accepter ! Les poissons-clowns vivent en sociétés très hiérarchisées et ils protègent leur habitat. Si notre jeunot réussi à intégrer une anémone, il sera tout en bas de la pyramide.
Les femelles sont reines et une seule règne en maître sur la hiérarchie, suivie de près par un mâle alpha, le deuxième habitant en taille de l’anémone.
Tous les autres mâles, en bas de la pyramide, seront plus petits en taille.
Seul le mâle alpha peut se reproduire avec la femelle. Ils entretiennent une relation monogamique qui durera toute leur vie.
Le mâle alpha a pour tâche de trouver l’endroit parfait où seront déposés les oeufs. Lorsque l’endroit idéal est prêt, le mâle va alors pousser la femelle par la force dans la bonne direction et il faudra ensuite une à deux heures pour déposer tous les oeufs.
Après que la femelle aie fini de pondre, elle va laisser le reste du boulot au mâle qui sera en charge de fertiliser, protéger et nettoyer les oeufs jusqu’à éclosion. Cela peut prendre jusqu’à huit jours.
Anecdote à propos d’amphirion ocellaris
Il a été démontré en captivité que si la femelle vient à disparaître de l’anémone, le mâle alpha la remplace en changeant de sexe. Des mâles au bas de la pyramide, c’est le plus gros qui prendra alors la place de mâle alpha, continuant ainsi le cercle.
La taille est vraiment importante pour ce petit poisson !
Prenez le temps de lire cet article du CNRS si vous souhaitez en savoir davantage sur cet incroyable habitant de nos récifs.
Habitat du Poisson-clown
Les poissons-clown entretiennent une relation symbiotique avec leur anémone qui vaut la peine que l’on s’y attarde un peu.
Les anémones représentent un groupe d’animaux prédateurs attachés au fond de la mer. Leurs tentacules sont armées de cellules au poison urticant qui les protègent. Les poissons-clowns sont immunisés contre ce poison et c’est la raison pour laquelle ils peuvent y vivre, à l’abris.
Les tentacules offrent à nos petits poissons une protection parfaite contre les prédateurs, mais quel est le bénéfice pour l’anémone en retour ?
Les poissons-clown vont nettoyer et protéger l’anémone des parasites et autres organismes qui pourraient présenter une menace. Ils peuvent aussi jouer le rôle d’appât et attirer de petits poissons vers les tentacules poisons de l’anémone qui s’en fera un régal : À table !
Un mot sur l’effet « Le Monde de Nemo »
Un succès de cette ampleur a beaucoup de répercussions ; des bonnes comme des mauvaises. La bonne est qu’il a rendu célèbre ce magnifique petit poisson si extraordinaire et que les gens s’y intéressent. La population d’Amphiprion Ocellaris est abondante et l’espèce n’est pas menacée pour l’instant.
Cependant, suite à la sortie du film, la demande de cette espèce pour les aquariums a beaucoup augmentée. Dans la plupart des cas, les nouveaux acquéreurs de Nemo n’avaient pas suffisemment d’informations pour garder cet animal en captivité et beaucoup sont morts très rapidement.
On a aussi vu des enfants reproduire l’idée de « libérer Nemo » et de le renvoyer vers l’océan en le mettant dans les toilettes. Évidemment, la vie du poisson ne se termine pas comme dans le film. Ce n’est pas comme ça, les enfants !
Nous avons également constaté l’impact du succès à travers certains comportements humains vis à vis du récif. Tout le monde veut voir Nemo, c’est un joli poisson aux couleurs vives qui habite une « plante » étrange.
Beaucoup ont entendu parlé ou vu les images de guides peu scrupuleux qui n’hésitent pas à amener l’anémone et ses résidents à la surface pour que des touristes qui ne savent pas nager puissent profiter du spectacle. ON NE FAIT PAS ÇA !
L’anémone et les poissons en souffrent et peuvent en mourir. La seule façon d’observer ces magnifiques animaux est de mettre la tête sous l’eau et d’aller les admirer dans leur habitat naturel.